L’échec de l’extrême-gauche montréalaise

15 mars 2013

15 mars 2013

Il nous est apparu expressément nécessaire, suite aux désastreux événements du 15 mars 2014, Journée internationale contre la brutalité policière, de communiquer aux militantes et militants révolutionnaires de la région de Montréal un appel d’urgence, un wake-up call, afin d’initier une sérieuse réflexion de fond collective sur les méthodes et les stratégies utilisées en ce moment. Nous croyons que le moment est non seulement propice pour cela, mais aussi nécessaire. Les défis et les difficultés récemment vécus ainsi que la répression subie, bref, la conjoncture actuelle, forcent, d’après nous, une profonde remise en question des pratiques et conceptions de la plupart des militant-e-s. Bien que le collectif de L’Agitateur est un collectif communiste et que nos analyses reposent sur la théorie communiste, cet appel n’est pas à proprement dit un appel au communisme. Il s’agit plutôt d’une alarme visant à amener les révolutionnaires d’avant-garde à se sortir du marasme et du défaitisme qui sont rampants en ce moment.

Question de rendre les choses claires, nous allons parler de l’extrême-gauche (EG) comme étant le mouvement général des forces dites anticapitalistes de Montréal. De plus, nous tenons à ne pas amalgamer les différents courants, tendances et groupes, car ceux-ci possèdent souvent des stratégies incompatibles ou même contradictoires. Par contre, il existe entre ces forces un certain degré d’affinité politique qui s’est exprimé d’une manière dominante durant les deux dernières années.

Nous commencerons par introduire sommairement et grossièrement le sujet que nous voulons soumettre à débat en soulevant certaines des problématiques que l’on retrouve au sein de l’EG montréalaise. Ces problématiques ont pu être clairement observées durant et depuis le mouvement de grève de 2012 et sont le fond de nombreuses discussions plus ou moins formelles dans le mouvement. En premier lieu, la plus évidente contradiction en 2012 au sein de l’EG était la mise de l’avant de la stratégie syndicale-révolutionnaire, chère aux anarchistes se revendiquant plus ou moins consciemment de Bakounine, par des groupes ou fractions qui ne pouvaient aller en ce sens, puisque la majorité des gens étaient mobilisés par un groupe, la CLASSE, qui avait les deux pieds bien encrés dans la légalité, lequel a porté le mouvement vers sa conclusion logique, un cirque électoral. La deuxième contradiction qui saute aux yeux était de mettre de l’avant une pareille stratégie (arriver à l’insurrection, à la révolte populaire, par la ou les grèves), puisque même si ce fût un groupe clandestin ou semi-clandestin qui aurait organisé les forces, le contexte social général ne s’y prêtait et ne s’y prête toujours pas; il n’y a qu’à se rappeller les multiples tentatives de « radicalisation » avec les mots d’ordre de « grève sociale », de casseroles, d’amener des travailleurs-euses en grève dans le conflit et qui se sont toutes soldées en échec. En bref, depuis le mouvement de masse de la grève étudiante de 2012, moment tant attendu par des fractions assumées qui ont démontré leur style de radicalisme durant le mouvement et qui ont tenté de porter la « radicalité plus loin » ou de « maintenir la lutte », l’EG se retrouve devant une amère constatation : elle est devant un échec et une impasse, elle n’a pas progressée malgré des conditions favorables.

De surcroît, cette vulgaire constatation n’est qu’une caricature de l’ampleur des difficultés qui traversent le mouvement, une parodie de tous les enjeux politiques de fond qui délimitent la conjoncture actuelle. Par contre, elle est brutalement tangible dans son insubstantialité, tel un cauchemar, pour un grand nombre de militant-e-s. Nous la racontons ainsi, car elle est à l’image du choc et de la détresse qui se trouve dans les forces d’EG. En effet, l’enjeu est tel que des organisations « majeures » comme l’Union communiste libertaire (UCL) en viennent à se dissoudre ou disparaître. Elle est telle que malgré la radicalisation de nombre de jeunes personnes au cours de 2012, nous constatons depuis une démobilisation massive dans toutes les manifestations de l’activité publique de l’EG.

Si ce qui est supposée être l’avant-garde des opprimées et des opprimés ne trouve rien de mieux que de patauger misérablement dans le martyre et les lamentations, mieux vaut hisser le drapeau blanc dès maintenant. Si devant la grogne populaire face aux multiples injustices l’EG montréalaise ne trouve rien de mieux que de rédiger des textes d’opinions, lancer des appels à la solidarité, avoir des débats sur Internet pour « corriger les pensées erronées des  autres » et tenter vainement d’éduquer « le peuple » sur des enjeux d’importance moindre que les problèmes de fond qui pourissent la vie quotidienne et matérielle dudit « peuple », mieux vaut aller brûler nos bannières et devenir membres de Québec solidaire (certain-e-s l’ont déjà fait) ou bien aller voter Parti nul. Par nos défaites et notre manque de courage collectif, nous démontrons que se révolter est une peine perdue, que les forces répressives sont « trop imposantes » pour même penser qu’une brèche révolutionnaire est possible. Certain-e-s prétendent que de toute façon, « les gens » ne sont pas prêts à aller plus loin; pourtant, la rage de l’injustice est palpable, les éléments révolutionnaires sont là, attendant juste de se faire saisir, de s’organiser.

Depuis un an maintenant, les forces paramilitaires (la police, selon Yves Francoeur) de la bourgeoisie appliquent le règlement municipal P-6 presque systématiquement dans le but de nous briser et elles y parviennent sans aucune difficulté. Mentionner la répression comme le principal obstacle nous faisant face est certes légitime, mais s’en morfondre est une bévue que trop de militant-e-s commettent. Il faut plutôt se demander pourquoi nous sommes dans l’incapacité d’y faire face. Selon nous, on ne peut aspirer à changer radicalement la société sans assumer que cela implique de la violence, d’un côté, révolutionnaire et, de l’autre, réactionnaire (répressive).

Grossièrement, notre point, c’est qu’il existe une mauvaise analyse de fond, une mauvaise théorie générale de la société capitaliste canadienne chez les radicales et les radicaux. Sans cette bonne analyse, il est impossible de trouver les éléments sur lesquels nous pouvons nous appuyer, développer une stratégie pour gagner la guerre des classes et mettre fin à toute forme d’oppression. Encore plus problématique, c’est celles et ceux qui nient, explicitement ou implicitement, que la révolution est possible. À l’extrême du problème, il y a aussi celles et ceux qui nient la lutte de classe et qui se vautrent dans « l’anti-oppression » et l’activisme. La preuve de l’existence de cette mauvaise analyse, c’est le surplace chronique et le défaitisme congénital dans lequel se complait une folle quantité de personnes.

Un vieil adage du mouvement communiste dit, grossièrement, que « si ça ne marche pas, c’est de sa propre faute ». Justifier ses échecs avec une multitude de facteurs extérieurs à soi n’excuse en rien le fait d’avoir mal jugé ou analysé une situation, mal organisé une campagne, avoir de mauvais objectifs (qui peuvent même être irréalistes), etc. L’EG se retrouve maintenant face à deux options : continuer dans cette voie jusqu’à démobilisation générale ou bien s’engager dans l’autocritique, admettre que sa conception révolutionnaire est erronée et changer de façon de faire. Pour celles et ceux qui ne se sont même pas rendu à l’étape du concret, il s’agit plutôt de se poser d’urgence de sérieuses questions quant à ses propres motivations et passer à l’action, ou cesser de prétendre être révolutionnaire.

Comme nous l’avions dit au départ, nous sonnons l’alarme. Nous n’avions pas l’intention de faire une critique théorique de fond. Nous n’avons pas l’intention de tout étayer dans le détail. Par contre, nous tenions à mettre de l’avant le problème de la nécessité de l’élévation du niveau théorique lié à l’élévation de la pratique. En d’autres mots, la théorie qui guide l’activité révolutionnaire de l’EG n’a pas suivi l’accentuation du niveau de pratique pendant la grève étudiante de 2012. De plus, l’EG n’a pas su pratiquer une consolidation des gains potentiels apparus pendant 2012.

À l’opposé, les forces réactionnaires ont paufiné leur niveau de pratique et de théorie pendant et depuis le conflit étudiant. Autrement dit, la police est mieux organisée (formation et coordination entre forces de police), mieux préparée (développement de tactiques et utilisation de nouveau matériel répressif) et nous connaît mieux (accumulation de renseignements, enquêtes, surveillance et conditions de liberté pour de nombreuses personnes). De plus, l’État a développé sa législation pour se donner les moyens de mieux nous stopper (Loi 12 et modifications au règlement P-6).

Contrairement à ce que de nombreuses personnes croient, l’usage de violence, la radicalité et le niveau de conscience ne sont pas des choses synonymes ou qui donnent un caractère révolutionnaire. Autrement dit, « radicaliser les consciences » n’est pas un moyen d’assurer un développement révolutionnaire probant. D’autre part, une lutte de masse combative n’est pas nécessairement une lutte révolutionnaire ou qui peut être poussée vers l’insurrection. Selon nous, c’est l’unification du mouvement dans un projet politique révolutionnaire capable de répondre à toutes ses tâches qui compte. Il est une nécessité de toute urgence que les personnes ayant l’intérêt réel d’organiser une révolution au Canada fassent acte, premièrement, d’autocritique et, deuxièmement, de volonté de franchement organiser un débat de fond sur les tâches nécessaires à accomplir pour produire cette révolution.

Face à l’ennemi qui nous déroute, ce que nous avons besoin, c’est de s’unir autour d’un plan pour la révolution. Certains groupes ont produits de tels plans et ces plans, ces programmes, doivent être la base des débats autour de notre unité. Agir de n’importe quelle autre façon revient à sombrer dans l’idéologie pure, l’idéalisme, le sectarisme et, ultimement, dans le défaitisme. En dernière instance, une organisation révolutionnaire ou un projet politique ne se mesure pas à la grandeur de ses idées, mais à la grandeur de ses réalisations.

Parmis les projets intéressants, le Parti communiste révolutionnaire (PCR), fidèle à sa manière de faire, organise ce qu’il appelle un Congrès révolutionnaire canadien à Vancouver dans l’optique que nous évoquions. Ce sera le troisième du genre qu’il organise. Sans vous convaincre des positions du PCR avec lequel le collectif L’Agitateur sympathise, ce que nous croyons et tenons à faire ressortir, c’est qu’un tel procédé démontre tout le sérieux, la bonne foi et l’ouverture qu’une organisation doit démontrer pour s’attaquer au problème de la révolution au Canada. Contrairement à ce que de très nombreuses personnes ont pu ou peuvent croire du PCR, cela démontre bien l’absence de sectarisme ou « d’autoritarisme » qui lui est généralement attribué. La révolution est un problème sérieux à résoudre, qui n’est pas un dîner de gala comme disait Mao. La progression pancanadienne d’une organisation révolutionnaire est un des nombreux critères de sa réussite et le PCR s’attaque sérieusement à ce problème, ce qui devrait être une source d’inspiration pour nous tous.

Le 1er mai de l’année 2014 arrive à grands pas. Les deux derniers 15 mars ont été complètement écrasés et le dernier 1er mai s’est tenu de justesse. La répression s’accentue et se fait de plus en plus efficace. Devant elle, trop de « radicaux » plient et abandonnent le navire par la peur qu’elle inspire. Sans développer notre courage et notre unité autour d’un projet capable de la combattre, nous sommes vaincus d’avance. Nous nous devons de rehausser notre niveau théorique et pratique. Dans le cas inverse, c’est la réaction qui s’organise et qui nous écrase.

6 Réponses to “L’échec de l’extrême-gauche montréalaise”

  1. Le lien entre la stratégie « syndicale-révolutionnaire » de l’anarchisme et le réformisme de l’ASSÉ est plutôt rapide.
    vous oubliez de dire que le monde de QS impliqués dans l’ASSÉ ont vraiment travaillé dans ce sens. Sinon, selon moi c’est aux radicaux de l’ASSÉ de s’organiser en comité autonome syndicaliste révolutionnaire pour s’assurer que les organisations parallèle de QS n’entravent pas à l’activité souhaitée par la base militante.

    On dirait que pour vous le syndicalisme abouti nécessairement à l’électoralisme comme stratégie d’action. Pourtant le syndicalisme révolutionnaire des anarchistes -et même de beaucoup de communistes « autonomes »- s’inspire d’une tactique qui met en parrallèle revendications immédiates pour rejoindre les intérêts de la classe ouvrière et prise de contrôle sur les milieux de vie et de travail. L’autogestion c’est pas juste une revendication, c’est aussi le reflet de l’organisation sociale d’une société émancipée et le moyen le plus solide pour unir les forces sociales contre le patronat et l’État. Dans le sens de cette double stratégie, l’Assé alimente certainement des perspectives réformistes-fiscales comme la gratuité scolaire, mais elle a aussi des positions moins connues comme « l’autogestion ». Les révolutionnaires ont intérêt à alimenter cette perspective s’ils ne veulent pas voir l’ASSÉ devenir l’organe de recrutement de la branche radicale de QS.

    L’échec de l’ultra-gauche montréalaise est en lien avec l’échec du renouveau des forces de la gauche nord-américaine. La montée de l’activisme radical né des mobilisations contre les sommets base sa stratégie non pas sur l’activité ouvrière ou le militantisme sur le milieu de travail, mais sur les minorités militantes vivant en dehors des conditions matérielles de la classe ouvrière (étudiant-e-s et mode de vie précaire/squat). Ce temps libéré leur permet de faire de l’action politique, mais ne leur permet pas aux classes opprimées de développer des organisations de lutte populaire révolutionnaire. Pour les « radicaux », les luttes ouvrières sont réduites aux syndicats capitalistes, mais en répondant à Marcuse, Paul Mattick a montré que les ouvriers étaient capables de s’organiser pour lutter en dehors des dictats syndicaux. https://www.marxists.org/archive/mattick-paul/1972/marcuse.htm
    Selon moi on peut donc aller y tirer une inspiration pour élargir la perspective d’action politique dans la lutte de classe.

    Dans tous les cas l’essentiel c’est d’arrêter de croire que c’est en allant à des manifs qu’on va changer les choses. Même la violence ne sert à rien si elle ne permet pas aux classes opprimées de développer leur pouvoir sur la société et leur environnement immédiat. Le romantisme de la cagoule et la tentation insurrectionnelle séduit les néo-militant par l’immédiateté et la facilité. Les militants maoistes tombent aussi dans le piège de la facilité en se laissant influencer par les idéologies mortes véhiculées par des groupes implantés. Même l’UCL n’avait pas de stratégie claire de lutte. En prônant une « radicalisation » comme panacée, ils passaient à côté de l’idée centrale qu’est la construction du pouvoir populaire et de l’action directe des masses.

    C’est en développant une perspective cohérente avec le développement du pouvoir de la classe ouvrière et de ses organisations autonomes qu’on arrive à construire les bases sociales d’un mouvement révolutionnaire. Dans ce sens, la critique de l’autoritarisme du PCR se situe au niveau macro-politique et non pas micro-social. Ça, ça veut dire que oui des anars peuvent être plus sectaires et désagréables que des maos. Ça veut surtout dire que la question de l’autorité se retrouve dans la stratégie léniniste qui vise à centraliser l’action de la minorité agissante entre les mains d’un agenda politique défini par l’élite politique du parti, duquel doit découler la « ligne juste à suivre » au sein des mouvements sociaux. En organisant des débats entre membres révolutionnaires, plutôt qu’entre membres des mouvements sociaux, on déconnecte la réflexion des lieux d’auto-détermination populaire. Les mouvements sociaux, même révolutionnaires sont donc arnachés au « Parti ». Au nom de l’efficacité de la tactique et de la stratégie, le parti crée un réseau clandestin de militant « d’élite » qui cherchent à augmenter leur influence au sein des mouvements populaires. Ces militants éclairés ont pourtant plus à cœur les intérêts du parti que ceux de la classe ouvrière à cause de l’illusion fatale que le Parti est l’incarnation des intérêts de la classe ouvrière. La critique de l’autoritarisme du PCR se situe donc dans le lien entre le parti et l’action des masses via les militants aliénés. C’est d’ailleurs la même chose que QS fait avec les mouvements sociaux. Pas étonnant que d’anciens ML s’y sentent si à l’aise…

  2. désolé, ma réponse a été écrite rapidement, c’est un peu brouillon

  3. Mario Labbé Says:

    Entièrement d’accord. Lénine disait:  » Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de parti révolutionnaire ». Un peu de la même manière, on peut dire qu’il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire, sans praxis révolutionnaire. Si les révolutionnaires veulent sérieusement poursuivre la lutte contre l’ordre social illégitime établi par les capitalistes au Québec et au Canada, ils devront trouver le moyen de faire face à l’adversité pour relancer ce mouvement qui, avouons-le, a du plomb dans l’aile aujourd’hui. Il ne sert à rien de faire l’autruche et se mettre la tête dans le sable. Il nous faut regarder la réalité en pleine face et bien en comprendre toutes les facettes pour mieux renverser la tendance actuelle vers le défaitisme.

  4. Mario Labbé Says:

    … désolé, mais je n’avais pas remarqué le commentaire de libertéouvriere, par ailleurs fort pertinent. C’est aussi pourquoi je me demandais si ça ne vaudrait pas la peine de transporter ce débat-là, qui en est un de fond, je crois, opposant les deux conceptions contradictoires dans la lutte de classes opposant la classe ouvrière et la bourgeoisie, celle de la voie anarchiste et celle de la voie léniniste, de manière à démocratiser ce débat et le rendre accessible aux plus grands nombres de militantEs. Je pense que libertéouvriere a très bien cadré le problème qui oppose les deux conceptions de la lutte ouvrière, sans toutefois y apporter de solution. Pourquoi alors ne pas saisir la balle au bond et battre le fer tandis qu’il est chaud. Au pire, les deux conceptions qui s’opposent, mais en même temps se complètent par la même idéologie égalitariste, pourrait bénéficier d’une meilleure connaissance des uns et des autres. Au mieux, nous pourrions établir des plateformes communes sur lesquels il serait possible de construire un meilleur rapport de force contre notre ennemi commun, les capitalistes.

    LE CAPITAL NOUS FAIT LA GUERRE, FAISONS LA GUERRE AU CAPITAL !

  5. Mario Labbé Says:

    A reblogué ceci sur Reconstruction communiste Canadaet a ajouté:
    Excellente analyse et mise en contexte d’un problème contemporain dans la nécessaire unité des luttes contre l’ennemi commun a la classe ouvriere. le Capital. Comme Lénine disait:  » Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de parti révolutionnaire ». Un peu de la même manière, on peut dire qu’il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire, sans praxis révolutionnaire. Si les révolutionnaires veulent sérieusement poursuivre la lutte contre l’ordre social illégitime établi par les capitalistes au Québec et au Canada, ils devront trouver le moyen de faire face à l’adversité pour relancer ce mouvement qui, avouons-le, a du plomb dans l’aile aujourd’hui. Il ne sert à rien de faire l’autruche et se mettre la tête dans le sable. Il nous faut regarder la réalité en pleine face et bien en comprendre toutes les facettes pour mieux renverser la tendance actuelle vers le défaitisme.

    LE CAPITAL NOUS FAIT LA GUERRE, FAISONS LA GUERRE AU CAPITAL !

  6. nsrgnt Says:

    Sans vouloir me lancer dans un futile débat sur « la meilleure voie entre le maoïsme, l’anarchisme et le communisme de gauche » dont je connais déjà le déroulement, je tiens à soulever que la compréhension politique du maoïsme par liberteouvriere est assez faible, ce qui fait en sorte que sa critique du PCR et du maoïsme comme nouvelle, supérieure et troisième étape du mouvement communiste est erronée. De plus, liberteouvriere semble vouloir mettre dans le même panier marxistes-léninistes et marxistes-léninistes-maoïstes. À ce sujet, la Déclaration du Mouvement révolutionnaire internationaliste est un incontournable afin de comprendre pourquoi les seuls mouvements révolutionnaires capables d’effectivement confronter le capitalisme – je mets l’emphase sur le fait que j’utilise « capitalisme » plutôt que « bourgeoisie » – sont des mouvements maoïstes.

    En anglais, en trois parties :
    http://maoistroad.blogspot.ca/2014/04/1984-2014-anniversary-declaration-of.html
    http://maoistroad.blogspot.ca/2014/04/1984-2014-anniversary-of-declaration-of.html
    http://maoistroad.blogspot.ca/2014/04/1984-2014-anniversary-of-declaration-of_10.html

    Maintenant, l’article le soulevait déjà, la critique du PCR par liberteouvriere est aussi mal fondée puisqu’elle ne s’appuie pas sur des expériences d’importance capitale qui nous servent de guide. Comme il est trop souvent le cas, ce sont de vagues énoncés idéologiques qui sont utilisés comme « critique » et cela ne place pas le débat dans ce qui a été mentionné dans l’article comme le coeur du problème : l’établissement de tâches pour faire triompher la révolution.

    Mon argument en ce sens sera somme toute deux questions assez simples. Si la révolution (sous tous ses aspects) est l’objectif, pourquoi les anarchistes n’ont jamais été la force motrice d’un tel processus ? Si le communisme est un « échec assuré », pourquoi tous les mouvements révolutionnaires d’ampleur dans le monde sont des mouvements maoïstes en ce moment ? Répondre péjorativement en quelques lignes serait une esquive de la réalité objective.

    Je vois déjà les arguments anarchistes classiques de l’Espagne des années 30 et celui de Makhno venir. En Espagne, ce furent les forces communistes et celles du Komintern qui avaient le plus de poids politico-militaire. Toute « révolution sociale » anarchiste en Espagne s’est faite sur l’ouverture de cette possibilité par le mouvement communiste international qui comptait 845 000 membres dans ce pays et qui a fourni environ 35 000 soldats grâce aux Brigades internationales, soit une quantité équivalente au membership du POUM seulement grâce aux Brigades. Dans le cas de l’Ukraine, Makhno est une non-expérience dû à la défaite politico-militaire des anarchistes par l’Union soviétique.

    Maintenant, une troisième question, piège cette fois-ci. Pour qu’un révolutionnaire soit conséquent, il se doit d’avoir une position correcte sur la révolution en Inde qui se poursuit depuis 1967. Le cinquième du territoire indien est sous contrôle communiste et la révolution est dynamisée par plus de 100 millions de personnes. Dire que leur ligne est « incorrecte » serait une véritable farce puisque cette expérience est un succès incontestable. Ces militants éclairés ont-ils pourtant plus à cœur les intérêts du parti que ceux de la classe ouvrière à cause de l’illusion fatale que le Parti est l’incarnation des intérêts de la classe ouvrière, selon liberteouvriere ? Je défie les anarchistes et les communistes de gauche de dire qu’ils feraient mieux ou de discréditer un succès politique qui dépasse complètement leurs capacités. De grâce, faites ce faux-pas devant tout le monde. Démontrez à toutes et tous que vous vous complaisez dans l’idéologie et que vous n’avez pas véritabement à coeur l’intérêt des masses du monde.

    Ultimement, bien que liberteouvriere relève dans son commentaire certaines choses pertinentes, cela ne l’empêche pas d’être une caricature de révolutionnaire, une imposture. Cette personne est exactement ce que l’article critique. De par le concept passe-partout « d’autoritarisme », liberteouvriere se donne le beau jeu de la bonne position morale en critiquant le PCR. Elle esquive consciemment le fait que le PCR fait des efforts constants pour débattre des enjeux de fonds et d’unir le mouvement révolutionnaire autour des enjeux débattus qui ont été identifiés comme corrects. Elle assassine le débat en disqualifiant le mouvement révolutionnaire mondial, dirigé par des partis maoïstes, qui est non seulement écrasant en termes quantitatifs, mais aussi qualitatif. Même en accordant à la CNT-FAI un peu de crédit, AUCUN mouvement anarchiste n’a réussi à défier le capitalisme depuis. En gros, liberteouvriere est une blague et la révolution n’est pas une blague. Sa malhonnêteté est vile. Je ne perdrai pas mon temps à débattre et j’irai de ce pas continuer à organiser dans le mouvement révolutionnaire. Je crois que la preuve n’a pas besoin d’être faite pour les gens qui ont véritablement la révolution à coeur que l’unité de toutes les masses du monde se fait par l’unité politique dans un projet politique capable de surmonter les innombrables tâches qui se présentent devant lui. Comme Mao le dit si bien dans De la pratique,

    « La vérité d’une connaissance ou d’une théorie est déterminée non par une appréciation subjective, mais par les résultats objectifs de la pratique sociale.

    Le critère de la vérité ne peut être que la pratique sociale. Le point de vue de la pratique, c’est le point de vue premier, fondamental de la théorie matérialiste-dialectique de la connaissance. »

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