La surculpabilisation du prolétaire

Coupable !

Vous êtes tous et toutes coupables !

Je vous le dis, c’est de votre faute et uniquement de la votre si votre vie est misérable, aliénée et pauvre ! Il n’y a aucune autre raison : c’est à cause de vous, point à la ligne.

Vous vivez dans une pauvreté plus ou moins difficile à entretenir et à survivre ? C’est de votre faute ! C’en est de même si vous vous retrouvez au bord de la rue à dormir conjointement avec les sous-prolétaires : la cause n’est que et uniquement vous, personne d’autre ! Vous êtes pauvre parce que vous ne voulez pas être riche ; vous refusez le capitalisme, alors vous saisissez pas les richesses qu’il nous offre. Votre revenu se mesure au mérite qui vous est propre selon la quantité de vos efforts émis pour atteindre l’épanouissement personnel.

Vous avez envie de mourir ? C’est votre problème et de votre faute car seul vous en êtes responsable ! Vous résistez contre le capitalisme et faites arrêter par les chienNEs de garde (à qui je souhaite le cancer) pour les raisons les plus banales qui peuvent exister dans l’imagination humaine ? Encore une fois, c’est de vote faute : vous êtes coupable de vos actes, de votre pensée, de vos paroles. Assumez et purger la punition que vous méritez. En ce sens, toute arrestation, toute répression, toute manipulation et toute menace exercées par les tentacules du capitalisme sur votre personne sont justifiées : vous l’avez méritée.

C’est à vous d’aller travailler, fermer votre gueule, saluer votre patron et manger une fois par jour. Si vous n’êtes pas contentE, car c’est encore de votre faute (le sentiment d’insatisfaction de votre réalité), la tâche la plus simple est de changer d’emploi par le simple claquement des doigts ou clin d’œil. La seule source de tout, c’est l’individu. Vous êtes libre-arbitre et libre-penseur(euse) de tout ! Donc, si vous avez perdu votre emploi, n’êtes pas admis à l’assistance sociale ou êtes contraintE de faire du surtravail (overtime) sans être payéE sous peine de perdre votre salariat… c’est encore de votre problème !

Coupable, coupable, coupable !

Les sous-prolétaires ne veulent pas sortir de leur misère parce qu’ils se complaisent dans la misère humaine, justement ! Le milliard d’être humains qui subissent la malnutrition, plus de deux milliards qui n’ont pas accès à l’eau potable – c’est-à-dire 130x la population du Québec – et plus de la moitié de la planète qui a à peine de quoi vivre de sa subsistance, eh bien vous l’aurez compris : « y veulent pas s’en sortir ! » Les maladies qui pullulent l’Afrique et l’Asie ne peuvent être guéries par la quantité massive de médicaments et traitements disponibles parce que ces populations ne font pas d’effort pour mériter cette convalescence.

Telle est la logique du capitaliste, qu’il soit conservateur, libéral ou libertarien. Tout passe, selon ces pourritures, par le mérite et le simple effort. Par la simple volonté et la rationalité, vous pouvez mieux vivre, devenir riche, avoir une compagnie (parce que, natuellement, tout le monde ressent le désir d’être capitaliste) et ainsi transformer le monde (!) pour lui donner plus de richesses, atténuant la misère mondiale. Quoi de plus noble que la création de richesses, c’est-à-dire : la fondation d’une compagnie pour la croissance économique ?

Je suis de votre avis, révolutionnaires : c’est non seulement absurde de penser de la sorte, mais pathétiquement erronée. La richesse, le Capital ne se produit pas de lui-même grâce au ciel : une compagnie, une industrie, une entreprise sans production, point de Capital, de richesses, de bassin regroupant tous les fruits de la production. Sa production n’est pas générée par le ou la bourgeoisE. UnE gestionnaire ne produit absolument rien. Ni même unE actionnaire. Les finances ne constituent pas une production de subsistances.

À moins que les monnaies physique et virtuelle soient comestibles…

Vous pensiez quand même pas que c’était à cause des conditions matérielles d’existence et, donc, de l’existence même du capitalisme ? Sales communistes ! Sales anarchistes ! DéconnectéEs de la réalité ! Vous n’y comprenez rien : si ça va mal, c’est de votre faute ! Les contraintes, c’est un concept postmoderne : ça n’existe pas ! Le capitalisme, c’est la liberté ! La preuve : nous sommes libres de crever, de vivre dans les pires conditions de vie, d’être exploitéEs abusivement et même d’être tuéEs par les agentEs de la réaction.

Haha, mais quelle blague : le capitalisme, responsable et coupable de la mise à mort de la planète entière… est bonne !

Une Réponse to “La surculpabilisation du prolétaire”

  1. Déchet social Says:

    Les pauvres abusent… Toujours en train de râler alors que ce sont les riches qui leur permettent de vivre, de leur donner du travail et quelle est la récompense donnée aux riches par les pauvres?

    C’est de rouspéter et de réclamer des droits. Pour éliminer la misère, faudrait tout simplement éliminer les pauvres.

    Agitateur, sache que c’est ce système capitaliste qui te permet de vivre, de t’exprimer librement et d’aller à l’université. Arrête de te plaindre et au Québec, nous le savons bien que nous sommes né-e-s pour gagner un p’tit pain.

    La compétition intra-classe prolétarienne mènera à notre perte, on ne peut plus rien faire. Et si on s’unissait?

    Révélation! Joindre l’Union (le syndicat). Non… Révolution!!

    Je commence à faire de la propagande dans mon milieu de travail, mais faudra s’acharner pour déconstruire cette surculpabilisation issue de plusieurs années de socialisation, car si l’on veut, on peut! 😉

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